Avant de devenir arbitre de touche puis représentant des arbitres au sein de la commission de discipline du district du Bas-Rhin, Pascal Rocland était comme nous tous : un passionné de football. À 64 ans, l’arbitrage lui permet de toujours vivre sa passion.
Arrivé en Alsace en 1989 suite à une mutation professionnelle de son épouse, Pascal Rocland, originaire de la région parisienne, s’est retrouvé à l’ASS via plusieurs personnes, dont Jean-Marc Bleesz. Aujourd’hui retraité (il était déclarant en douane), Pascal termine sa 34e saison en tant qu’arbitre. « Avant, j’étais joueur dans la région parisienne. Puis quand je suis arrivé ici, on m’a dit qu’ils cherchaient des arbitres. Je n’avais jamais arbitré avant. Mais je me suis dit : pourquoi pas. C’était une façon de continuer ma passion autrement ». Il débute donc sa carrière d’arbitre central en 1990 à l’âge de 31 ans. Un rôle qui lui plaît avec le temps, où il exerce pendant 10 ans au niveau D1. Mais il ne peut pas accéder au niveau régional, barré par la limite d’âge de la Ligue à l’époque. « En 2003, la Ligue crée le corps d’arbitre assistant. J’ai fait partie de la première mouture de ce corps ». Pascal passe donc à la touche.
Arbitre central et arbitre de touche : un métier différent
L’arbitre central est celui qui a le dernier mot. Il possède ce côté décisionnaire. « Diriger un match, ça plaît. Tu dois être éducateur social, psychologue, posséder des qualités humaines pour diriger une rencontre. C’est ce côté qui m’a plu. Tu te rends compte qu’il faut réussir à s’adapter et de faire au mieux », explique Pascal. Puis quand est venu le temps de passer à l’arbitrage depuis la touche, les sensations se sont avérées différentes. « La touche, c’est complètement différent du centre. C’est moins physique, mais plus fatiguant au niveau psychique. Il faut être attentif au départ du ballon, car le hors-jeu ne se signale qu’à son arrivée. Il faut se mettre dans une bulle et ne pas entendre ce qu’il se passe à l’extérieur ».
Représentant des arbitres au sein de la commission de discipline du district du Bas-Rhin
Depuis 2013, Pascal Rocland figure comme représentant des arbitres au sein de la commission de discipline du district du Bas-Rhin. C’est là que sont traitées toutes les affaires disciplinaires qui restent dans le cadre du sport. Ils sont huit au sein de cette commission où règne une bonne entente : « on est souvent d’accord. Il n’y a pas de prise de bec. C’est une bonne commission ». Quel est le procédé d’une commission de discipline ? « On essaye de dénouer les événements. Qui ? Quoi ? Comment ? On se base sur un barème puis on applique des sanctions », détaille Pascal. Certains ont des bagages, avec un casier disciplinaire chargé. « Pour ceux-là, on ne mettra pas 8 matchs de suspension mais plutôt 10 ou 12 matchs. À l’inverse, on sera plus indulgent avec un acte isolé, qui bénéficie d’excuse sincère ». La commission est un endroit où joueurs, arbitres et autres acteurs ont la parole.
« Je préfère qu’on m’insulte plutôt qu’on dise que je suis malhonnête »
L’arbitrage. Ce sujet aussi important que controverser. À ce sujet, Pascal se rappelle d’un match de Coupe de France qu’il arbitrait depuis la touche. Un de ces matchs qui date de l’époque de la CFA 2 pour le Racing Club de Strasbourg qui affrontait un club de quartier. « Vous avantagez le Racing car ce sont des anciens pros ! ». La réponse de Pascal est claire : « non, ils sont tout simplement plus forts ». Ce bref souvenir soulève à lui seul la tendance que prend l’arbitrage aujourd’hui. « Il faut comprendre qu’un arbitre fait de son mieux, il essaye d’appliquer le règlement comme il le peut. Ça arrive de se planter. Il faut savoir accepter que l’arbitre peut faire des erreurs », explique Pascal Rocland.
Tout est une question de respect. De respect du jeu et de ses règles, mais également faire preuve de qualité humaine. Le discernement est de mise : « on n’a pas tous le même angle de vision. L’arbitre ne voit pas la même chose qu’un spectateur situé de l’autre côté du terrain ». L’arbitrage reste quand même quelque chose de subjectif, et pour preuve, même la VAR n’arrange pas tous les cas. « Souvent, ce qu’on reproche à un assistant, c’est qu’on est là pour aider l’arbitre. Non. Car il y a une différence d’interprétation. L’arbitre de centre pense qu’il n’y a pas faute, moi si, mais c’est lui qui décide. Il n’y a pas d’uniformité, c’est utopique, ce n’est pas possible ».
Selon Pascal, les matchs de District sont les plus propices aux débordements. « Là, ce sont des matchs sur des terrains de quartiers, les arbitres sont seuls. Même s’il y aura toujours des insultes… c’est le point noir », explique Pascal. « En commission, il y a des cas de U11, U13, U15, et le plus souvent, ce sont les parents qui sont à l’origine des débordements ou des insultes ». Parmi elles la remise en cause d’arbitres du même âge que les joueurs (un arbitre de 15 ans pour des joueurs de 15 ans). Chaque arbitre commence dans sa catégorie, de même que les enfants qui jouent contre des joueurs de leur âge. « Les jeunes arbitres ont des tuteurs. Si tu les lâches tout seuls dans la nature… Il faut les lancer et les rassurer. « À l’ASS, j’ai fait le tutorat de Jérôme et d’Élodie par exemple ».
La tolérance dans l’arbitrage est trop souvent mis de côté. Pourtant, joueurs comme arbitres, nous sommes tous unis par la même passion : le football.
